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CONTRIBUTION
Selon des études plus ou moins récentes , les pertes en
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taxons cultivés en Algérie sont de 51 à 66% et celle des
animaux autour de 56%. Ainsi, les céréales ont vu la
disparition de 64% des variétés locales à la faveur de
l’introduction de variétés dites à rendement élevé et les
espèces maraichères ont enregistré pas moins de 64% de
perte de taxons. Pour l’arboriculture, l’érosion
génétique est en train de réduire fortement la diversité
des espèces emblématiques que sont l’olivier, le figuier
et l’abricotier. Pour les ressources animales d’élevage, la
race bovine Brune de l’Atlas (Guelmoise) se voit rétrécir La vigne est sans doute l’espèce qui a connu la plus importante
devant l’introduction des races améliorées de même régression avec la disparition de nombreux cépages. En 2000 le
que les races ovines steppiques de plus en plus noyées parc viticole algérien comptait 96 cépages et actuellement
par des croisements incontrôlés. Les souches de la race l’ITAFV disposerait de 79 cépages dont 62 de table et 17 de cuve
équine barbe connaissent aussi une perte de l’ordre de et de 7 porte-greffes. La disparition du savoir-faire et le défaut
60%. d’encadrement de la viticulture ont conduit à l’abandon des
En céréaliculture, 4 variétés de blé dur sur 20 parcs à bois et des champs de pieds-mères. Pour des raisons de
représentent 90% des semences commercialisées dont restructuration et des besoins d’urbanisation, des collections
Vitron et Waha « S », 2 variétés ayant disparu entre 1996 entières de cépages ont disparu des fermes pilotes (Chebli, SBA)
et 2011 (Duria et Ouarsenis) et les variétés Hiddab et de l’INA.
(HD1220) et Arz (Beni Slimane) représentent à elles En dehors de l’environnement naturel qui interfère
seules 94% des blés tendres. Les variétés Saida et principalement par les aspects climatiques, les raisons directes de
Tichedret dominent les semences d’orge. l’érosion génétique dans l’agriculture algérienne sont liées à
Les légumes secs, en conséquence d’un l’environnement structurel des activités agricoles et d’élevage
désintéressement prolongé, ont connu une forte non seulement le segment de production mais aussi en amont et
déperdition de matériel végétal local et introduit si bien en aval. L’idée de sauvegarder la diversité biologique, combien
qu’il serait difficile de relancer cette filière sur la base de même elle jouit de l’intérêt des pouvoirs publics, n’est pas
ce patrimoine perdu. entourée sur le plan opérationnel des garanties de réussite. Sur le
plan institutionnel, l’Algérie s’est dotée progressivement
Pour les cultures industrielles, hormis la tomate, la d’institutions, de structures techniques et de textes qui devraient,
plupart des cultures ont disparu pour des raisons théoriquement, traduire la stratégie de la communauté nationale
structurelles. sur la question. Mais il reste qu’un renforcement des capacités est
primordial en matière de recensement, de conservation et de
multiplication du matériel végétal et animal autochtone, de
soutien à la production de races, de variétés et de cultivars
locaux, de contrôle rigoureux de la mobilité du matériel végétal
et animal notamment les transferts transfrontaliers.
Le développement de l’agriculture implique nécessairement le
recours aux facteurs d’intensification dont les semences et plants
performants mais celui-ci ne devrait pas avoir lieu au détriment
des variétés et races locales qui ont traversé les temps pour
donner des produits qui tirent le meilleur de leurs terroirs. Un
équilibre devrait être trouvé entre la conservation du patrimoine
génétique national et l’ouverture inévitable sur le patrimoine
universel que se partage l’ensemble de l’humanité.
Abdelkrim AOUAM
Chef Du BL Ouest
MATE-GEF/PNUD Projet ALG97/G31 et MATE – KHELIF L. 1997 : « Synthèse de la stratégie algérienne
d’utilisation de la diversité biologique »
Décembre 2019 N° 24 BNEDER-MAG 11