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CONTRIBUTION








              L’EROSION GENETIQUE, LE DEFI CACHE DE L’AGRICULTURE ALGERIENNE


           En agriculture l’érosion des sols est plus largement
           évoquée que l’érosion génétique. Pourtant cette
           dernière, moins visible et certainement moins
           spectaculaire, peut avoir des répercussions plus
           dramatiques  sur  la   sécurité  alimentaire  des
           populations.
           Le phénomène d’érosion génétique est responsable de
           la déperdition des spécificités de certaines espèces,
           variétés ou cultivars voire de leur extinction pure et
           simple. Pour le commun des consommateurs, il se
           traduit par la disparition subite ou progressive des
           étalages  de  produits  agricoles  habituellement
           disponibles. Certains de ces produits sont même
           représentatifs de terroirs. A titre d’exemple, au cours
           des 3 dernières décennies au moins, des produits de
           réputation régionale voire nationale ne sont plus
           proposés à l’image de la pêche de Bousfer, la clémentine
           de Misserghine, le raisin double fin « sinsault » et le
           hamar Bouamar…Les figues, jadis diversifiées, sont
           aujourd’hui réduites à quelques variétés uniformément
           réparties à travers les différentes régions du pays.
           Ce phénomène se manifeste aussi par l’érosion de la
           diversité cultivée qui voit disparaitre les ressources
           locales, naturellement adaptées, en faveur d’entités
           intruses, imposées par l’homme ou par la force de la
           nature…qui a horreur du vide.





                                           A l’échelle mondiale, la FAO  indique que
                                                                   1
                                      les ¾ de la diversité génétique variétale des plantes
                                   cultivées ont disparu au cours du XXème siècle. Seules
                                 douze espèces végétales et quatorze espèces animales assurent
                               l’essentiel de l’alimentation de la planète.
                             L’érosion génétique en milieu agricole peut être le résultat d’une évolution
                            naturelle ou de pratiques culturales imprudentes mais elle est de plus en plus
                            liée à l’invasion, souvent incontrôlée, de matériel végétal et animal exogène
                            dit amélioré au titre de l’intensification et de l’augmentation des rendements.
                            Cette invasion s’accompagne par une uniformisation génétique progressive
                             et, par substitution, par une réduction de la diversité génétique locale. Elle
                              peut aussi générer une pollution génétique par les processus biologiques
                                habituels (fécondation) ou par échanges de gènes avec la microflore
                                  du sol et aboutir sur des situations problématiques lorsqu’il
                                     s’agit d’OGM.







           FAO : 2ème rapport dur l’état phylogénétique pour l’alimentation et l’agriculture – Octobre 2010




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