LU DANS LA PRESSE
Posté par admin le Mercredi 26-06-2013Foncier agricole
M. Benaïssa met en garde contre la spéculation
Des pratiques illégales entourant le foncier agricole sont signalées dans plusieurs régions du pays par des investisseurs qui ne trouvent pas de superficies à exploiter, alors que des terres sont concédées et clôturées sans être pour autant exploitées.
Parmi toutes les visites de travail que le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, effectue depuis quelque temps à travers les wilayas du pays, celle organisée dimanche dernier à M’sila, précisément à Bou Saâda, a été particulièrement marquée par l’évocation d’un des dossiers les plus épineux du secteur, à savoir celui du foncier agricole.
Certes, la célébration de la Journée internationale de lutte contre la désertification était une occasion tout à fait ordinaire pour aborder le sujet en ce sens que cela est lié à la nécessité de préserver les ressources naturelles.
Mais le ton avec lequel le ministre s’est adressé à l’assistance, composée d’agriculteurs et de responsables locaux, a vite orienté les regards vers une cible toute connue : les spéculateurs du foncier agricole. «Je peux vous assurer que tous les fellahs peuvent aujourd’hui travailler leurs terres dans la tranquillité totale. Ils peuvent être sûrs qu’ils ne seront pas inquiétés et les lois les protègent désormais dans les terres qu’ils possèdent. Il s’agit bien sûr des agriculteurs honnêtes qui veulent travailler. Ceux qui ont vendu et comptent revenir au secteur pour profiter de cette occasion sont automatiquement exclus», a lancé le ministre à l’adresse de l’assistance. Selon lui, beaucoup d’exploitants agricoles cultivaient des terres avec appréhension, sans qu’ils aient la certitude qu’un jour ils en seraient propriétaires. Aujourd’hui, «des dispositifs juridiques ont été mis en place pour régulariser la situation de tous les agriculteurs dans une totale transparence», ajoute Rachid Benaïssa, faisant référence à la loi 03-10 du 15 août 2010 et aux trois arrêtés ministériels et interministériels de février, juin et juillet 2011 portant création de nouvelles exploitations agricoles, assainissement général des concessions et sécurisation des agriculteurs dans leurs terres.
Cependant, les spéculateurs dont l’intention est de tirer profit de cette situation seront démasqués. «On ne peut pas tolérer que des gens quittent le secteur puis y reviennent pour bénéficier de propriétés ou garder la main sur des terres sans les exploiter», a affirmé le ministre.
Il n’a pas manqué de préciser, à ce propos, qu’après la délivrance de tous les actes de propriété et le règlement de toutes les situations administratives, une «autre phase sera lancée pour, justement, vérifier si les projets d’exploitation sont réellement entamés par leurs propriétaires» ou bien il ne s’agit qu’un simple trafic : «La loi prévoit des mises en demeure pour rappeler ces propriétaires à l’ordre. Mais si l’exploitation n’est pas lancée, en dépit des rappels, des mises en demeure et des aides octroyées à ceux qui seraient en difficulté, la loi prévoit l’application d’une série de mesures, dont la reprise de la terre concédée.»
Il faut dire que des pratiques illégales entourant le foncier agricole sont signalées dans plusieurs régions du pays par des investisseurs qui ne trouvent pas de superficies à exploiter, alors que des terres sont concédées et clôturées sans être pour autant exploitées.
Dans plusieurs wilayas du pays, de nouveaux périmètres sont en voie d’être dégagés pour bénéficier aux investisseurs à la recherche de terres agricoles. Le défi étant d’augmenter la production agricole pour sécuriser le pays sur le plan alimentaire, toute la question est de savoir si les pouvoirs publics seront à la hauteur de ce défi en parvenant à séparer le bon grain de l’ivraie.
Par : Lyès Mechti
Publié le : 25/06/2013
Source : El Watan
Zohra Ghazi. Directrice de la mise en valeur des terres et de la lutte contre la désertification au MADR
«Nous attendons l’évaluation des résultats du barrage vert»
Que peut-on dire aujourd’hui, en cette Journée internationale de lutte contre la désertification, sur le problème de la dégradation de l’alfa, connu pour son efficacité à freiner l’avancée des sables ?La dégradation des superficies d’alfa est due essentiellement aux parcours, aux mauvaises méthodes d’arrachage lors des récoltes et à la sécheresse. Cependant, nous avons élaboré une étude qui nous a permis d’identifier les zones de potentialités de l’alfa en Algérie. Celles-ci s’étendent du nord au sud sur la région steppique. La superficie existante est aujourd’hui de 2,2 millions d’hectares (4 millions d’hectares dans les années 1920, ndlr) qui ont fait l’objet d’une étude qui nous a permis, en 2010, de concevoir un plan d’action et de lancer, par la suite, une série de mesures qui entrent dans le cadre de la réhabilitation de l’alfa et de la lutte contre la désertification.
- Quel est l’objectif à atteindre ?
C’est d’abord préserver et réhabiliter les superficies qui sont complètement dégradées. Il s’agit aussi de permettre la régénération de cette plante à travers ce qu’on appelle la mise en défens.
- Quel est, selon vous, le degré de gravité de l’avancée des sables en Algérie ?
La désertification est un phénomène auquel l’Algérie a dû faire face dès les premières années de l’indépendance. Des opérations de reboisement tous azimuts ont été alors initiées et, à partir des années 1970, le fameux projet du barrage vert a été lancé dans la zone tampon entre le Nord et le Sud, dans les wilayas steppiques. L’approche a, par la suite, évolué en ce sens qu’on s’est aperçu de la nécessité d’impliquer les populations locales. Il faut dire à ce propos que l’expérience algérienne dans ce domaine est reconnue et citée comme exemple au plan international, et ce, grâce à l’actuelle approche du renouveau rural qui a les mêmes objectifs et principes que ceux inscrits dans la Convention internationale de lutte contre la désertification.
- Vous avez évoqué le barrage vert, mais celui-ci n’existe pratiquement plus…
Non, le barrage est là et existe toujours. Nous avons même des forêts artificielles à partir de ce projet. Mais il faut voir aussi les parcours d’élevage qu’on devrait aussi prendre en charge du fait que la région a une vocation pastorale. En tout cas, nous avons aujourd’hui lancé un travail d’évaluation et une étude a été commandée en ce sens. Les résultats seront réceptionnés incessamment et, à partir de là, nous déciderons comment l’extension du barrage vert devra se faire, car il est même question d’étendre cette zone.
- Quel impact cela aura-t-il sur l’activité pastorale dans la région ? Les éleveurs garderont-ils leurs parcours ?
L’activité pastorale est prise en charge. Il est vrai qu’au départ, cela avait été mal organisé, mais depuis les années 2000, un dispositif utilise rationnellement les parcours avec l’implication des populations. Il s’agit des mises en défens, pour une durée de deux années, de périmètres définis en concertation avec les éleveurs et les responsables locaux. Entre temps, un autre périmètre est libéré et mis à la disposition des éleveurs et utilisé comme parcours.

